5 biais à connaître et à utiliser comme leviers d’influence
Ou comment utiliser ces raccourcis mentaux qui influencent les comportements au travail
Bonjour à toutes et à tous,
Bienvenues pour cette nouvelle édition de la newsletter sur les clefs du relationnel au travail.
Cette semaine on va parler psychologie humaine et biais cognitifs, car ils peuvent aider à comprendre comment les autres raisonnent.
Au programme aujourd’hui
1/ Qu’est-ce qu’un biais cognitif ?
2/ Biais de confirmation
3/ Biais de surestimation de ses connaissances et l’effet Dunning-Kruger
4/ Biais du statu quo
5/ Biais de favoritisme intragroupe
6/ Biais de négativité
7/ Conclusion
L’autre jour, je prenais un peu de recul pour tenter de définir ce qu’est le relationnel, et j’ai remarqué que celui-ci se décompose en 2 axes majeurs:
Comprendre la psychologie des personnes qui nous entourent
Interagir de la bonne manière avec ces personnes
Les deux sont très liés, car comprendre la psychologie des autres permet de mieux interagir avec eux.
Difficile de faire une synthèse de ce qu’est la psychologie humaine tant il y a de choses à dire.
Mais il existe un concept facile à appréhender qui donne une clef de lecture simple sur les comportement : il s’agit des biais cognitifs.
Voyons en quoi cela consiste.
Qu’est-ce qu’un biais cognitif ?
Le concept a été mis en lumière par les psychologues Amos Tversky et Daniel Kahneman.
Ils ont montré que nos jugements sont loin d’être rationnels et sont influencés par des biais systématiques.
Ces biais systématiques correspondent à des raccourcis mentaux que nous prenons pour analyser une situation sans avoir à prendre en compte tous les éléments.
Ce raisonnement inductif (lié à notre intuition) se révèle très utile pour gagner du temps dans nos réflexions.
Le revers de la médaille, c'est que ces biais peuvent nous faire faire des erreurs de jugement.
Ils se manifestent dans de nombreuses situations de vie, et le travail en fait partie.
Que ce soit votre manager, votre N+2 ou le PDG, tous ont leurs propres biais.
Et justement, nous allons voir ceux que l’on observe souvent et comment nous pouvons les utiliser comme leviers d’influence.
Biais de confirmation
C’est l’un des plus répandus, et il se manifeste de la manière suivante:
Nous recherchons les informations qui confirment nos croyances existantes, tout en ignorant ou en minimisant les informations contraires.
Prenons un exemple:
→ Je pense que Michel de la compta est incompétent.
Je vais donc retenir ce que Michel fait de mal, sans voir ce qu’il fait de bien.
Il arrive en retard, il fait des erreurs de saisie, il ne répond pas à mes emails …
Comme je ne vois que le négatif, cela renforce ma croyance que Michel est incompétent.
D’un autre côté, Michel gère bien ses clôtures. Il règle les factures en temps et en heure et il fait un bon suivi de provisions.
Mais ça je ne le vois pas, car je suis convaincu qu’il est incompétent.
Autre exemple:
→ Un de mes anciens boss me trouvait timide.
II m’avait vu discret lors de ma prise de poste et s’était fait à cette idée dès mon arrivée, sans vraiment me connaître.
Sauf que 6 mois, 1 an, deux ans après, il pensait toujours ça de moi.
Alors que j’avais pris mes marques et tout marchait très bien par la suite.
Lorsque j’ai postulé à une position pour monter en grade, il a refusé ma demande, car il estimait que j’étais trop timide.
Il était resté sur l’idée qu’il avait de moi à mes débuts, et n’avait pas vu que j’avais progressé depuis.
C'est donc un biais difficile à défaire.
D’où l’importance de faire une bonne impression à sa prise de poste pour revenir sur mon exemple.
En marquant les esprits dès le début, vous jouez positivement sur le biais de confirmation.
Les gens penseront que vous êtes bons, et leur biais viendra confirmer leur impression en observant tout ce que vous faites de bien.
Biais de surestimation de ses connaissances ou effet Dunning-Kruger
Ce biais s’illustre lorsque des individus incompétents dans un domaine ont tendance à surestimer leur compétence, tandis que les individus compétents ont tendance à sous-estimer la leur.
On l’observe très souvent chez les personnes qui ont une grande confiance en elles.
Elles sont capables de vous dire : “il faut faire comme ça”, alors que ce n’est pas leur métier à la base .
Comme notre ami ci-dessous:
Mon ancienne boss était capable de contester la pertinence de projets dans le digital, bien qu’elle n’y connaissait rien au digital (elle était responsable financière).
Ce biais met en avant l’importance de la confiance en soi et la conviction avec laquelle on communique au travail.
C’est toujours une bonne chose de travailler ces deux points pour paraître plus convaincant, et donc plus compétent.
Biais de statu quo
Ce 3e biais m’a toujours autant fasciné.
Il s’agit de la tendance à laisser les choses telles qu'elles sont.
Le changement est vu comme une menace et perçu comme présentant davantage d’inconvénients qu’autre chose.
Il est très présent dans les organisations vieillissantes, avec des équipes en place depuis longtemps.
C’est le fameux : “Non, mais on a toujours fait comme ça”.
Alors que certaines façons de faire sont clairement obsolètes et devraient changer.
Le meilleur exemple à ce biais c’est la résistance à accepter le télétravail.
Le covid a fait bouger les choses mais avant ça, de nombreuses directions ne voulaient pas en entendre parler.
Le problème c’est que le changement est parfois inévitable dans une organisation.
Dans ce cas là, le statu quo est une menace.
À l’inverse, lorsque l’on veut éviter un changement, on peut jouer sur ce biais en montrant ce que l’on peut perdre.
Le biais de favoritisme intragroupe
Ce 3e biais va certainement vous parler, car il est lui aussi très courant.
Il s’agit de la tendance que les individus ont à favoriser les personnes qui appartiennent à leur groupe, au détriment des autres.
On le voit souvent dans les systèmes de promotion et d’évolution en interne.
J'ai un exemple pour l’illustrer.
Un ami travaillait dans un groupe espagnol.
Durant les premiers mois de sa prise de poste, il a été invité à un séminaire où une soirée dans un bar avait été organisée.
Lors de cette soirée, Il avait observé les personnes haut placées interagir entre elles.
Ça l’avait marqué de voir qu’ils présentaient de nombreuses similitudes:
Ils vivaient dans le même quartier
Ils fréquentaient les mêmes réseaux
Ils étaient habillés de la même manière
Ils avaient les mêmes codes de communication
Et bien sûr, ils étaient tous espagnols
Lui n’étant pas espagnol et venant d’un autre milieu, c’était évident que ce serait bien plus difficile pour lui d’évoluer dans l’entreprise.
L’avantage de biais, c’est qu’on peut l’utiliser à notre avantage.
En reprenant ainsi les codes d’un groupe (vêtements, réseaux, passe-temps, …) on peut se faire peu à peu accepter par le groupe.
Le biais de négativité
Ce biais est passionnant, car il montre l’influence de notre mémoire émotionnelle dans nos prises de décision.
Il se manifeste chez une personne lorsqu’elle donne plus de poids aux informations et aux expériences négatives.
Là encore j’ai un exemple pour l’illustrer:
Dans un de mes anciens jobs, la direction avait tenté de lancer une gamme de maquillage.
Les pertes avaient été considérables et avaient entaché la réputation du groupe.
L’échec était tel que par la suite, le CEO fermait la porte à toute proposition de lancement d'une gamme de maquillage.
Il ne voyait que le scénario négatif alors que cela aurait aussi pu bien se passer dans un autre contexte.
Là encore on peut jouer sur la négativité pour orienter la vision des choses de quelqu’un.
Si mon CEO est convaincu que lancer une gamme de maquillage est risquée, peut-être que lui montrer que ne pas prendre de risques aujourd’hui peut mettre en danger son business d’ici quelque temps. En choisissant le statu quo, l’entreprise risque de s’enliser sur sa stratégie actuelle et rater le coche de nouvelles opportunités.
Conclusion
Maintenant que nous avons passé en revue ces biais, que peut-on en conclure ?
Le premier point vous concerne vous.
Nous ne sommes pas toujours conscients des biais qui nous influencent.
Avoir conscience de ces biais peut ainsi vous aider à prendre du recul et éviter les erreurs de jugement.
Le deuxième point concerne les autres.
C’est très difficile de changer l’opinion d’une personne influencée par des biais très ancrés.
Il vaut mieux voir ces biais comme des outils pour orienter ses croyances et nous l’avons vu dans les exemples ci-dessus.
On peut aussi contrer l’effet d’un biais en en utilisant un autre.
Si par exemple une personne a un biais de confirmation très ancré en elle, peut-être qu’utiliser un biais de négativité peut aider à contourner l’obstacle.
Il existe donc de nombreuses manières de les utiliser, à vous de choisir celles qui correspondent le mieux aux situations auxquelles vous serez confronté.
Et si vous souhaitez découvrir d’autres biais, je vous recommande ce schéma très complet de visual capitalist.
C’est tout pour aujourd’hui (et c’est déjà pas mal !).
Jérémy
Un grand MERCI d’avoir lu ma newsletter ! Si ça vous a plu, n’hésitez pas à mettre un petit like et à vous inscrire pour ne pas rater les suivantes 😉